A comme Amélie

Je débute ce challenge par mon arrière grand-mère paternelle, Amélie Reyrolle, épouse de Pierre Bretagnolle. Je suis contente d'écrire enfin un article sur elle car, le peu d'informations que j'ai sur sa vie, me font penser que c'était une femme forte.
Elle n'a pas eu une vie facile, mais elle a réussit à traverser 2 guerres, élever 5 enfants, être un temps patronne de restaurant, se remarier, revenir dans son village et redevenir agricultrice.

Cadette d'une famille de 3 enfants, Marie Reyrolle née le 18 novembre 1888 à St Jal, au lieu-dit de La Juque.
Ses parents, Pierre Reyrolle et Marie Vernéjou sont cultivateurs. C'est là que Marie, surnommée Amélie, passe son enfance entourée de ses parents, sa grand-mère maternelle, de ses deux oncles, Jean Reyrolle et Jean Vernéjou et de sa sœur, Juliette de 3 ans son aînée. L'année de ses 10 ans, la fratrie s'agrandie avec l'arrivée de son petit frère Jean.

Amélie va à l'école du village, et elle obtient en 1901, son certificat d'études primaires. 

 

Le jeudi 06 mai 1909, par une belle journée de printemps, elle épouse Pierre  Bretagnolle, dans la petite église de St Jal. De 3 ans son aîné, il est également originaire de St Jal, du village de la Faurie Chabrillane. Tous deux s'installent chez les parents de Pierre. 

Le 23 mai 1911, à 23 ans, Amélie devient mère pour la première fois, d'une petite fille prénommée Marie-Antoinette mais que tout le monde appellera Julienne. Trois ans plus tard, le 02 mai 1914, naît sa seconde fille, Marie, ma grand-mère paternelle...

La vie de Pierre et Amélie était toute tracée : comme son père avant lui, son grand-père, son arrière grand-père et au moins deux générations de plus, Pierre aurait pris la suite de son père à la tête de la propriété. Peut-être aurait-il lui aussi eu un fils à qui transmettre leurs terres. Mais la guerre a stoppé net cette vie rude mais heureuse qui l'attendait avec Amélie.

Trois mois seulement après la naissance de Marie, le 03 août 1914, la France déclarait la guerre à l'Allemagne et Pierre était rappelé sous les drapeaux.
Amélie  a vécu la mobilisation générale, le départ de son mari et de tous les hommes du village. Comme bon nombre de femmes à cette époque, elle a dû prendre la place des hommes aux champs, avec deux enfants en bas âge. Heureusement, elle vivait avec ses beaux-parents et, Antoine, son beau-père, a dû prendre les choses en main.

A la rude vie de  cette période, s'ajoutait l'inquiétude constante au sujet de son mari, Pierre. Hélas, après avoir connu l'enfer des tranchés, il fut tué le 31 octobre 1915, à Tahure, dans la Marne. On ne peux qu'imaginer la douleur et l'angoisse ressentie à l'arrivée de la nouvelle...
Amélie s'est retrouvée veuve à 27 ans, avec deux jeunes enfants, une exploitation à faire tourner et sa belle famille : ses beaux-parents Antoine Bretagnolle et Marie Gros, l'oncle de Pierre, Jean Gros et le petit frère de Pierre, François, qui venait d'avoir 20 ans. A peine 2 ans plus tard, sa belle mère décède à son tour en 1917.
Puis, le 11 novembre 1918, ce fût la joie de l'armistice, mêlée pour elle à la tristesse, le retour des hommes, ses beaux-frères qui vivaient à quelques pas, Jean Noilhac, le mari de Léonie, Jean le frère de Pierre... et elle qui restait seule.

Je ne sais pas quelle fut sa vie pendant ses années là. Les recensements ayant repris en 1921, on y apprend qu'Amélie est partie, avec ses deux filles, vivre à Tulle. Elle y est "patronne de restaurant" et chef de famille. Le frère de son mari, François, vit avec elle, il est manœuvre. On a donc l'impression que c'est François qui vit chez elle (et non l'inverse). Ils vivaient alors au 18 place du Champs de Mars. Je n'ai pas non plus la possibilité de savoir si François vivait déjà à Tulle, et si Amélie l'y a rejoint ou s'ils sont partis ensemble.
En avril 1921, né leur premier fils, Albert. Ils se marient en juillet, toujours à Tulle. Elle est toujours patronne de restaurant et lui, garçon de café !
Ils sont ensuite retournés vivre à la Faurie Chabrillane où ils ont encore eu deux fils, René et Lucien.

En 1926, ils vivent tous les sept avec la mère d'Amélie, Marie Vernéjou, à la Faurie. Puis, en 1931, sa mère va vivre à la Juque chez sa seconde fille Juliette, quand à Antoine Bretagnolle (leur père et beau-père), il rejoint à nouveau leur famille.  

En 1930 et 1934, ses deux filles, Julienne et Marie se marient. A partir de là, des tensions familiales vont se créer autour de l'héritage de la propriété de la Faurie Chabrillane entre ses filles d'un côté, et de l'autre, ses fils, issus de son second mariage avec François.

La seconde guerre mondiale fut une nouvelle épreuve. Son fils aîné Albert fût mobilisé mais l'armistice signée en 1942 renvoya les hommes dans leur foyer.

Ses fils se marièrent, Amélie et François vécurent à la Faurie Chabrillane jusqu'à la fin de leur vie.
Amélie décède d'une longue maladie dans sa maison, le 05 février 1951, à l'âge de 63 ans.

 

Notes :
*François Bretagnolle, le plus jeune frère de Pierre et second époux d'Amélie, fût réformé pour "faiblesse", "insuffisance de développement et de vision" (2/10 à chaque œil).